Premiers coups de pédale (Toulouse)

Copin des bois

Quitter la Haute-Garonne, plein ouest

Les premiers coups de pédale.

Est-ce que vraiment ce vieux VTT va tenir le choc de tous ces kilos accrochés ? Est-ce mes jambes vont réussir à mettre en branle tout ce barda ? J’ai du mal à y croire…

Et pourtant ! Petit à petit, je m’extirpe de Toulouse en moulinant sans trop d’effort. La pluie, qui de toute façon tombe depuis des semaines, me gêne à peine. J’avance. Je pars.

Je ne m’attendais pas à ce que ce soit autant valloné au sortir de Toulouse… Deux petites heures sur le vélo et déjà je commence à comprendre quelques conseils que j’écoutais sans vouloir y croire : il y a trop de voitures sur les routes jaunes ; les coutures des culottes ça fait mal ; avec plus de dents sur le pignon de ta dernière vitesse, tu monterais mieux.

Je passe devant un moulin niché au creux d’un vallon, loin des routes passantes. Les volets sont fermés. À côté, une grange récemment restaurée, trois murs, un toit, mezzanine et plancher en bois. Je m’y arrête. Ce soir, je ne regrette pas d’avoir tiré les kilos supplémentaires du réchaud et de la grosse écharpe.

Rentrer dans le Tarn, plein ouest

C’est beau.

J’ai déjà les cuisses en coton, certaines côtes me paraissent infranchissables, mais c’est beau.

La campagne prend des airs plus intimes. Le maillage des champs est plus fin, quelques beaux chênes veillent encore dans les prés, les haies sont plus fournies, les routes blanches traversent des bois laissés là. Le vol d’un faucon crécerelle qui stationne dans le ciel puis plonge en piqué. La grandeur d’un milan royal juste au-dessus de moi, sa queue pour l’équilibre. Les couleurs de l’automne qui se termine.

C’est dimanche. Les jeunes traînent dans les bourgs. Un cheval surgit, une fille dessus. Les cyclistes en collant sont de sortie. J’essaie de me caler sur leur rythme : ils donnent deux coups de pédale quand je n’en fais qu’un… Alors c’est comme ça qu’on fait du vélo ?

Je fatigue. Je cherche les lignes bleues sur la carte : les cours d’eau. Rester dans le fonds, quitte à faire des détours pour ne plus monter.

Une dernière côte et ne rejoins ma première destination : Perramond. Je suis accueillie par le chant des tronçonneuses. Lendemain de soirée, ils profitent des forces en présence pour faire du bois. Un premier lien à la forêt, primordial : se chauffer.