« Douce lenteur de la marche » ? Ce n’est pas très doux de monter mille mètres de dénivelé en un après-midi… La lenteur, en revanche, je confirme. Le passage au ralenti des milieux. Ou bien serait-ce le reste qui est en accéléré ?
Mettre un pas devant l’autre. La cuisse qui se tend, pour ne se détendre que mille mètres plus haut. Le corps qui se courbe, se plie, tout entier tendu vers l’avant pour se projeter un peu plus haut à chaque fois. Lors des rares descentes, pour traverser les vallons secs de ce coin des Alpes du Sud, je me retrouve au contraire avec le dos droit, les fesses en arrière, essayant d’amortir les chocs avec une pensée pour mes genoux.
Parfois, le souffle s’intensifie pour couvrir les battements du cœur qui s’emballe avec la pente. Pousser, poser, pousser, poser, souffler. Soupirer. S’énerver. Si dire « aller, après ça, ça change ». Après ça, il y aura des herbes, après ça il y aura la fraîcheur de la forêt, après ça il y aura le moelleux des épines, l’ouverture des alpages, le jeu des rochers. Après ça il y aura le ciel, après ça il y aura peut-être un berger, après ça il y aura peut-être une source, ma gourde est vide, j’ai soif.